Face à l'épineuse question de la situation des populations roms en France, le gouvernement a fait le choix de l'insertion par le travail. Lors d'une réunion interministérielle autour du premier ministre Jean-Marc Ayrault mercredi 22 août à Matignon, le gouvernement a décidé d'"assouplir les contraintes" pesant sur l'accès au travail des Roms, "en supprimant la taxe qui était due par les employeurs de ces personnes" à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) et "en élargissant les métiers auxquels ils peuvent avoir accès", a indiqué la ministre du logement, Cécile Duflot.

Dans un communiqué, Matignon précise que "le gouvernement examinera, après discussions avec les Etats concernés (Roumanie et Bulgarie), l'hypothèse d'une levée anticipée des mesures transitoires qui restreignent l'accès de Roms au marché du travail français, par rapport aux autres ressortissants communautaires".

Ces mesures, applicables jusqu'à la fin de 2013, considèrent les Bulgares et les Roumains comme des ressortissants non communautaires, alors que leurs pays sont membres de l'Union européenne, et limitent le marché de l'emploi à seulement cent cinquante métiers dits "en tension", après la délivrance d'un permis de travail et le versement d'une taxe à l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII) par l'employeur. Leur levée dépend d'une simple décision du gouvernement, comme l'ont fait déjà l'Italie et l'Irlande.

Cette annonce a suscité de nombreuses critiques à droite. "Avec les mesures annoncées aujourd'hui le message est clair : il y a du travail en France, il y a des logements pas chers, venez vous installer en France (...) Une fois de plus, comme pour la suppression de la franchise sur l'aide médicale d'Etat (AME), les socialistes veulent faire croire aux étrangers que la France est un eldorado et le faire payer aux Français", a estimé le député et maire UMP de Nice, Christian Estrosi. Pour Philippe Goujon, député et maire UMP du 15e arrondissement de Paris, ces mesures risquent de susciter "un appel d'air à travers toute l'Europe, alors que la France sera le seul pays à revenir de façon anticipée sur des mesures qui prévaudront dans tous les autres pays jusqu'en 2013".

FEU VERT AU DÉMANTÈLEMENT DES CAMPEMENTS ILLICITES

Le gouvernement a par ailleurs donné son aval aux opérations de démantèlement des campements illicites "dès lors qu'elles interviennent en application d'une décision de justice ou pour mettre fin à une situation de danger ou de risque sanitaire", selon un communiqué. Le gouvernement va mettre à disposition des préfets un "support méthodologique" pour "la préparation et l'accompagnement des opérations d'évacuation". Ce dispositif "mettra notamment en avant les notions d'anticipation et d'individualisation des solutions pour qu'un travail coopératif soit engagé le plus en amont possible". "En matière d'hébergement et de logement, l'ensemble des outils existants est à mobiliser", ajoutent les services du premier ministre.

M. Ayrault avait, plus tôt dans la journée, défendu son ministre de l'intérieur, Manuel Valls, critiqué à gauche après avoir fait évacuer des campements de Roms cet été. "Il faut regarder les choses en face : des bidonvilles de sont développés", a observé le premier ministre, qui juge cela "inacceptable". "Les décisions de justice doivent être appliquées. Mon devoir c'est de trouver des solutions dans la clarté, la fermeté et l'humanité", a-t-il affirmé.

Les opérations d'évacuation sont notamment critiquées par Amnesty International qui estime mercredi, dans un communiqué, que "la France doit s'engager à mettre un terme aux expulsions forcées de Roms", qui se trouvent "dans des situations de plus en plus précaires" à chaque évacuation d'un campement illégal. "Selon les informations dont nous disposons, la plupart des habitants n'ont pas été correctement consultés ou n'ont bénéficié d'aucune proposition alternative de logement" lors des récentes opérations de démantèlement, déclare Jezerca Tigani, directrice adjointe du programme Europe et Asie centrale pour Amnesty. Elle réclame que "des solutions de relogement adaptées" soient "systématiquement" proposées aux intéressés.

Le gouvernement a par ailleurs souligné en réunion interministérielle que "les réponses" posées par le sort des Roms sont "à construire également à l'échelle européenne" et va demander à la présidence chypriote que le dossier des Roms "soit inscrit à l'ordre du jour de la prochaine session du Conseil de l'Union européenne", indique le communiqué.

LA FRANCE SOUS SURVEILLANCE DE LA COMMISSION EUROPÉENNE

La Commission européenne a "salué" mercredi les annonces du gouvernement français en matière d'intégration des Roms, tout en encourageant la France à "lever l'ensemble des restrictions encore en vigueur dès que possible". La Commission, qui avait exhorté Paris à prendre des mesures concrètes pour améliorer le sort des Roms, se dit par ailleurs "prête à soutenir le gouvernement français pour un meilleur encadrement des conditions dans lesquelles les camps sont démantelés".

A la suite des récents démantèlements, la Commission européenne avait replacé au début d'août la France sous surveillance, et a rappelé la nécessité du respect des garanties contre les expulsions arbitraires et les traitements discriminatoires. La Commission attend de la France "des mesures concrètes et des financements précis" pour améliorer le sort des Roms, a déclaré mercredi la commissaire chargée de la justice, Viviane Reding, dans un entretien avec le quotidien belge Le Soir.

"Les campements illicites posent problème et les autorités nationales ont raison de s'y intéresser. L'éloignement des Roms du territoire n'est cependant pas la solution à ce problème : c'est une politique à court terme, sans effets durables. C'est l'intégration économique et sociale qu'il faut privilégier", estime Mme Reding. Cette intégration "est autant la responsabilité du pays d'accueil que du pays d'origine. Nous parlons de citoyens européens", a-t-elle dit.

La vice-présidente de la Commission souligne que 470 000 euros de fonds régionaux européens ont été engagés dans des projets de développement de "villages d'insertion" dans de grandes métropoles françaises comme Lille et Lyon. "Reste à en voir les fruits", précise-t-elle.

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